Le livre est une biographie pour les enfants de 7 à10 ans. La naissance, le 8/01/1935) dans les faubourgs de Tupelo (Mississippi) dans une famille d’ouvrier agricole. La première guitare à 11 ans, l’emploi comme mécanicien, les premiers enregistrements. Puis la gloire avec That’s all right. Le livre s’arrête là. C’est une manière peu véridique de raconter l’histoire, au fond. De la spoliation du blues noir par les musiciens blancs dans une Amérique raciste, le jeune lectorat ne saura rien. Il retiendra seulement qu’Elvis a marié la musique noire et la musique blanche. Quant à son idolâtrie posthume, là encore, le biographe se tait. Le CD est intéressant, bien sûr, les liens du rock’n roll avec le blues est peu approfondi et celui avec le rock encore moins. C’est une nouvelle fois l’idéologie du génie qui se fait jour, ce qui est certes dans l’air du temps de notre société qui vante le « talent » autre nom du « don ». C’est dommage qu’un bel emballage éditorial renferme une si plate recherche dans les termes convenus de l’idéologie dominante.
GAMBINI C., GEHIN E., RICARD A., RODERER C., Mes plus belles musiques classiques pour les petits, Gallimard jeunesse, collection Les imagiers, 2012, 40 p. + CD 1h. 16€90
Chaque double page met en scène des enfants pour illustrer des tableaux musicaux. On y trouve, aussi, un portrait du compositeur et un court texte qui invite à l’écoute. Dix-sept extraits sont présents : Badinerie de la suite française de Bach, Symphonie pastorale 1er mouvement de Beethoven, Carmen (chœur d’enfant de la garde montante) de Bizet, danse hongroise n°5 de Brahms, Grande valse brillante (mi-bémol op.18) de Chopin, Golliwog’s cake-walk de Debussy, Dolly (berceuse) de Fauré, La marche des Trolls de Grieg, Tableaux d’une exposition (ballet des poussins) de Moussorgsky, Concerto pour piano n°23 et La flûte enchantée de Mozart, Pierre et le loup (ouverture) de Prokofiev, Le vol du bourdon de Rimsky-Korsakov, Duo des chats de Rossini, Ma mère l’Oye de Ravel, le carnaval des animaux de Saint Saëns, Casse-Noisette (Danse de la fée dragée) de Tchaïkovsky.
PROKOFIEV, Pierre et le loup, lus par Bernard Giraudeau, musique de Prokofiev interprétée par L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE, illustrations d’Olivier TALLEC Gallimard jeunesse, 2009, cd 30 minutes, 22€
C’est un hors série de la collection Musique de chez Gallimard jeunesse : un grand ouvrage aux illustrations malicieuses pour interpréter une œuvre patrimoniale et, au fond, au niveau littéraire, peu intéressante. Le soin de l’édition, le travail musical de l’orchestre national de France, la lecture chaleureuse de Girardeau posent l’ouvrage/cd comme une référence de la collection.
NORAC Carl, CHATELLARD Isabelle, PINON Dominique, Bazar Circus, Didier jeunesse, 2013, 48 p. + CD 40 mn, 23€80
Angelot l’homme canon qui est envoyé si loin qu’il ne revient, Gala, l’amoureuse d’Angelo qui part à sa recherche, El Toutou, le chien savant, et tous les acrobates, dompteurs et animaux, clowns, lancés dans une folle aventure, par une improbable représentation… La musique réunie par David Pastor est surtout de tradition russe : Vocalise de Rachmaninov, la danse d’Aysheh de Khatchatourian, Suite pour orchestre de variétés de Chostakovitch convoquent une Russie du peuple, imitent les tempéraments fougueux des acteurs et actrices, ou leur immense sentiment de solitude. C’est à la fois très intime et très politique. Mais on trouve aussi des rythmes brésiliens et Le jazzy bœuf sur le toit de Darius Milhaud. Cette porosité des styles (jazz, musique populaire, classique) chante la vie circassienne en marge de la société. Lue avec force gouaille par Dominique Pinon, l’histoire emballe l’attention des enfants de 4 à 11 ans. L’album est avec des angles de vue imprenables, des couleurs chatoyantes, par-dessus un dessin assez anguleux. Un petit chef d’œuvre qui donne de la joie.
BLOCH Muriel, La Musique indienne, musique d’Indrajit BANERJEE, illustrations d’Allegra AGLIRDI, Gallimard, collection mes premières découvertes de la musique, 2010 32p. + CD 20’, 13€50
Il s’agit de la mise en musique d’un conte traditionnel indien sur un enfant paresseux qui tente de fuir le courroux de sa mère. Sitar, flûte, harmonium, sarenghi, tampura et tabla mais aussi voix envoûtantes, font de cette création une vraie réussite.
DAMBURY Gerty, La Musique créole, musique d’Edmond MONDESIR, illustrations d’Aurélia FRONTI, Gallimard, collection A la découverte de la musique du monde, 2013 32p. + CD 25’, 14€90
On pourrait mettre en comparaison cet ouvrage avec La Petite Sirène, puisque le conte mis en musique a pour personnage principal, un lamantin. Mais il s’agit d’un conte plus naturaliste, un voyage d’apprentissage d’un jeune Lamentin qui décide de retrouver le territoire perdu dont les récits de la grand-mère vantent les bienfaits de vie. Ses rencontres, autres animaux, végétaux, bateaux, vont apporter danger ou bien aide et il lui faudra acquérir un peu de responsabilité pour transformer sa hardiesse voyageuse en vie nouvelle. La mise en musique suit le tempo narratif avec chœurs, chant, tambour bélé, tibwa, conque de lambi, guitare basse, guitare acoustique.
Soulignons qu’à l’intérêt audio s’ajoute le soin de l’illustration merveilleusement chaleureuse ou glacée, la présence d’un documentaire en fin de volume.
Geneste Philippe