aranda, Daniel
(textes réunis par), L’Enfant et le livre, l’enfant dans le livre,
L’Harmattan, 2012, 223 p. 21€50
Ces actes d’un colloque sont partis
du constat que « tout se passe comme
si l’enfant objet du livre et l’enfant
sujet du livre étaient deux notions distinctes mais indissociables ». Par
exemple Eric Auriacombe montre, à travers Harry Potter et Peter Pan que « l’auteur adulte injecte des éléments
infantiles dans la figure du héros qu’il élabore, produisant ainsi des
fantasmes “prêts à porter” dont le lecteur enfant va tirer parti »
(p.12). On trouve dans ce volume une étude sur le statut ambigu du Petit
Nicolas, les figures d’Alice et de Zazie, l’analyse des trois petits
cochons, une étude fouillée de Sa Majesté des Mouches de Golding et
de L’Ecole
emportée de Umezu, deux contributions passionnantes sur la littérature
de jeunesse italienne et sur l’album en Suède, une analyse des romans
préhistoriques. Tous les textes sont rigoureux et faciles d’accès.
aBeau Nathalie,
Raconte-nous
encore une histoire. Pourquoi lire 80 classiques du Père Castor ?
Père Castor – Flammarion, 2016, 96 p, 15€
A la sortie de la première guerre
mondiale, le monde éducatif connaît une certaine effervescence autour des
interrogations pédagogiques autant qu’éducatives. Les manuels et livres
proposés aux enfants apparaissent trop étroitement pesants d’idéologie et de
moralisme, sauf quelques exceptions. Les années vingt vont voir éclore les
pédagogies coopératives, celles des centres d’intérêts, des groupes de besoin, les
pédagogies socialistes, la tradition des expériences libertaires, la république
des enfants de Korczak, les recherches expérimentales de Montessori, le
développement de la conception éducative de Dewey, la création d’écoles sous
l’égide de Decroly, le départ fulgurant de la psychologie des enfants avec
notamment Jean Piaget etc. C’est dans
cette effervescence qu’un jeune éditeur, Paul Faucher (1898 - 1967) se lance
dans des expérimentations éditoriales. Chez lui, la préoccupation éducative est
déterminante. Il est très influencé par le pédagogue tchèque, Frantisek Bakule
(1877-1957), sous l’égide des conceptions duquel il fonde en 1927, chez
Flammarion, la collection éducation
qui diffuse les travaux du courant de l’éducation nouvelle. Il trouve échos
auprès des bibliothécaires qui font vivre les toutes récentes bibliothèques de
prêt pour les enfants, mais aussi dans les revues syndicales et pédagogiques,
comme L’école émancipée. En 1931, Paul Faucher lance une ligne
éditoriale d’albums pour la petite enfance. Le département du Père castor, nom
emprunté à la tradition des totems du scoutisme, chez Flammarion, est né. Il
travaille avec deux artistes russes : Nathalie Parain et Fédor Rojankovsky.
En 1941, il publiera Michka qui sera le best-seller de
ces albums.
Comme le dit Nathalie Beau, les
albums du Père Castor rassemblent des adaptations de contes classiques, des
contes issus de la tradition populaire, des contes modernes, devenus
aujourd’hui des classiques, des récits animaliers. L’autrice passe en revue
quatre-vingt albums, elle en raconte l’histoire, en cerne la problématique, en
livre des détails de création parfois, fait le lien avec d’autres albums.
Autant dire que ce livre bellement édité est une ressource pour qui cherche à
connaître la teneur des albums ou pour la personne qui veut étudier tel ou tel
album. Ce qu’on peut regretter, c’est l’absence d’une bibliographie et l’absence
d’un historique plus fourni qui aurait permis de mettre en perspective cette
collection. L’index des auteurs des albums et celui des titres sont en revanche
une aide intéressante pour les lecteurs qui souhaitent recouper les
informations éparses égrenées de recension d’album en recension d’album. Un
livre que toute bibliothèque et toute bibliothèque d’école ne manqueront pas de
se procurer. Et les lecteurs et lectrices intéressé.e.s y trouveront matière à
réfléchir sur une aventure éditoriale pionnière.
Cannat Guillaume, Le Ciel à l’œil nu. Mois par mois les plus
beaux spectacles en 2017, Nathan, 2016, 144 p. 19€90
Voici le rendez-vous annuel des éditions
Nathan, avec le ciel et les astronomes amateurs ou professionnels. Ce livre de
vulgarisation scientifique, réalisé chaque année par le journaliste Guillaume
Cannat, propose aux lecteurs de se repérer dans le ciel, de janvier à décembre
2017. Plus de soixante rendez-vous crépusculaires ou nocturnes entre les
planètes, le soleil et la lune sont présentés avec un schéma détaillé, des
conseils pour les observer. Avec ses nombreuses cartes, quelques cent cinquante
illustrations, schémas photographiques, dessins, on ne peut nier l’intérêt d’un
tel ouvrage à manier avec les enfants et à mettre dans les mains des
adolescents. Surtout que des gros plans encyclopédiques permettent de découvrir
ou redécouvrir les bases de l’observation des astres, un domaine sur lequel
cette édition 2017 met plus particulièrement l’accent. Le tout est renforcé par
les encadrés mythologiques, astrologiques et pratiques. Le début de l’ouvrage
comprend un nouveau cahier qui réunit les informations utiles pour
l’observation du ciel. Un site web est associé au livre qui apporte des
informations complémentaires.
Philippe Geneste