Traoré Fouma, Nandiman, le brave chasseur. Contes du
Burkina Faso, L’Harmattan, 2013, 57 p. + CD
Voici six contes
burkinabés écrits et dits par Fouma Traoré. Les contes africains sont très
proches de la fable. Ils explicitent leur fonction morale en vue d’enseigner
une sagesse de vie. L’ouvrage, ici, allie la transmission orale et la
perpétuation écrite d’une mémoire ancestrale. L’écoute du CD est évidemment
plus importante pour l’entrée de l’enfant dans l’histoire que la lecture du
texte qui peut venir en second. Dans les deux versions, écrite et orale,
l’ouvrage est remarquable. Il fait entrer le jeune lectorat dans l’ambiance
d’une veillée dont Fouma Traoré donne des précisions liées à sa vie dans la
préface en hommage à Tiemoko Ousmane qu’il a écrit pour cette édition :
« cette expérience, je la retente
avec vous à travers ce livre-CD ».
Le chaleureux conteur stipule que « là où j’ai pris ce conte, je l’ai posé là-bas ». Par la parole
ce « là-bas », est aussi
bien ici qu’en Afrique, en France qu’au Burkina Faso. Le conte voyage en
principal vecteur du dialogue entre les civilisations depuis le fond des temps.
thiombiano
Kontondia Joseph Herbert, Massaali en
quête du monde, recueil de contes gourmantché, L’Harmattan, 2016,
79 p. 12€50
Ce jeune écrivain du Burkina Faso propose un
recueil de contes pris aux « sources ancestrales » à couleur
morale assumée : « le monde est toute la vie. On ne peut tout
savoir de la vie ». L’essentiel ne sera donc pas de tout connaître
mais de comprendre ce qu’on en fait. Dix histoires sont ainsi contées, avec
parfois des notes qui viennent éclairer leur source pour que le lecteur non
familier de l’univers burkinabé puisse s’approprier pleinement le sens du
texte. Certains contes sont animaliers, d’autres non, la variété permettant au
jeune lectorat de saisir la diversité d’une culture où la frontière entre
littérature pour adultes et littérature pour enfants n’a aucune pertinence.
Penot Pauline, Panet
Sabine, Le Baluchon de la création du monde et autres contes yorouba,
illustrations d’Aline Rolis,
L’Harmattan, collection La légende des
mondes, 2013, 70 p. 12€
Le peuple
yorouba est un peuple d’Afrique qui a payé un lourd tribut à la traite des
noirs au temps du commerce triangulaire. Originaire d’une zone géographique que
couvrent aujourd’hui le Nigéria, le
Niger, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo, nombre de ses membres
ont été déportés principalement au Brésil et à Cuba. Leurs contes et légendes
s’y sont enracinés et métissés, jusqu’à former un riche répertoire culturel.
Les deux auteures et l’illustratrice ont rassemblé six contes, dont un sur la
création du monde qui remporte l’intérêt des jeunes lecteurs et lectrices.
Les hommes sont
créés par un dieu qui se fait aider par un alcoolique, Ochala. A ce dernier est
confiée la fabrication physique, pendant qu’Olodoumarê, le dieu suprême, se
charge de leur insuffler la vie. Et c’est ainsi que naît l’humanité dans sa
diversité où le normal et l’anormal se compensent.
Les
illustrations d’Aline Rolis sont remarquables. C’est un recueil à recommander
aux enfants dès 9/10 ans car il permet de faire la connaissance de toute une
civilisation à nous largement inconnue. Si le livre fait œuvre patrimoniale, la
liberté d’interprétation de l’écriture l’inscrit dans notre temps. Le travail
graphique de Sabine Panet, avec sa majesté des couleurs, dialogue à merveille
avec le style riche de Pauline Penot qui sait conjuguer simplicité syntaxique
et précision lexicale, jouant de la mise en page pour insuffler le rythme au
récit. Un petit chef d’œuvre de contes à ne pas rater.
Geneste
Philippe